Plus tard, on prétendit que Besson avait couché en joue les matelots, ce qui est impossible, puisqu'il n'avait pas son fusil avec lui. Un des matelots du détachement disait le soir : " Nous connaissons celui qui le premier a commandé le feu...mais qu'on nous crache au visage si jamais on nous voit lui serrer la main. " Et M. Noël Blache s'écrie avec indignation:
" Voilà donc un de ces martyrs obscurs, jusqu'à cette heure inconnu, de la cause républicaine, tombé victime du zèle excessif des partisans du coup d'État. Ce mot d'"excessif" est-il exagéré, quand on songe que Besson a été tué le 11 décembre, quand le Var était presque tout entier pacifié ! Le sang de Besson demande justice. Ce que sa veuve réclamait : un jugement, il est encore temps de l'accorder. Nulle prescription ne saurait couvrir de pareils faits."
Quand au double meutre de Martin Bidauré, M. Noël Blache, après avoir réfuté les deux versions qui ont cours sur la première exécution de ce malheureux, parle d'une troisième version " bien connue dans le Var, dit-il, version lugubre et qui expliquerait l'acharnement avec lequel on s'est efforcé de faire disparaître plus tard le seul homme capable de donner sur cette affaire les détails les plus circonstanciés". Et il ajoute : " Le temps n'est pas venu d'approfondir cette troisième narration, étayée de preuves à cette heure incomplètes..." Mais ce qu'il affirme, c'est que le préfet Pastoureau assistait à cette première exécution, malgré le démenti formel qu'il a donné dans une lettre à La Tribune. D'ailleurs, il n'hésite pas à déclarer que M. Pastoureau était déjà à Toulon lors de la deuxième exécution de Martin, et qu'il faut mettre cette exécution au compte de l'autorité militaire seule.
M. Noël Blache nous annonce une curieuse publication. Giraud, le tisserand du Luc, auquel , sur ordre de ses chefs, le gendarme Mayère tira un coup de pistolet dans l'oreille, et qui survécut par miracle à sa blessure a écrit une brochure qui va paraître sous cet étrange titre: Mémoires d'un fusillé.
Et ce sera un document de plus à joindre au dossier. On nous accuse d'être implacables. Attendez demain, et vous verrez si l'avenir est plus indulgent que nous.

 

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